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Histoire du soir

Histoire du soir

Collection de contes merveilleux et de légendes extraordinaires pour le coucher de vos enfants. A lire sans modération...


Chat et souris emménagent

Publié par Le conteur sur 6 Janvier 2018, 10:05am

Catégories : #Frères Grimm

         

 

            Il est bien connu que chat et souris ne font pas bon mé-

            nage ; en voici la preuve.

 

            Un chat avait fait la connaissance d'une souris et lui avait

            tellement conté fleurette qu'elle avait finalement accepté d'habi-

            ter dans la même maison que lui et de partager les dépenses.

            « Avant que l'hiver arrive, nous devions faire des préparatifs si

            nous ne voulons pas mourir de faim », dit le chat à la souris. Le

            bon conseil fut observé et un petit pot de beurre fut acheté. Mais

            ils ne savaient pas où il serait mieux de l'entreposer. Finale-

            ment, après de longues réflexions, le chat dit : « Je ne connais

            aucun endroit qui soit plus sûr que l'église ; là, personne n'osera

            venir l'y chercher. Nous placerons le petit pot de beurre sous

            l'autel, et nous n'y toucherons plus. »

           

            C'est ainsi que le petit pot fut mis en sûreté. Mais il fallut

            peu de temps avant que l'envie prenne au chat d'en manger. Il

            alla donc voir la souris et lui dit : « Ce que je veux te dire, petite

            souris, c'est que j'ai été demandé comme témoin par ma cou-

            sine. Elle vient de mettre au monde un petit, tout blanc avec des

            taches brunes. Laisse-moi aller à son baptême et occupe-toi

            toute seule de la maison ! » « Bien sûr, répondit la souris, va ! Et

            si tu fais un bon repas, pense un peu à moi ! Je boirais bien vo-

            lontiers une goutte de bon vin ! »

           

            Mais tout cela n'était que mensonge. Le chat n'avait pas de

            cousine et nul ne lui avait demandé d'être témoin. Il se dirigea

            tout droit vers l'église, se faufila jusqu'au petit pot de beurre et

            en dégusta un peu. Puis, il alla faire une promenade sur les toits

            de la ville et prit un bain de soleil, tout en se pourléchant les

            babines à chaque fois qu'il songeait au petit pot de beurre. Il

            revint à la maison seulement lorsque le soir fut tombé. « Ah, te

            voilà enfin de retour ! », dit la souris. « Tu as sûrement passé

            une belle journée. » « Ça pouvait aller », répondit le chat. « Et

            quel nom a-t-on donné au chaton ? », demanda la souris. « Un

            peu », répondit sèchement le chat. « Un peu, s'exclama la sou-

            ris, voilà un nom assez singulier ! Est-ce courant dans ta fa-

            mille ? » « Que trouves-tu donc à ce nom ! », dit le chat. « Il

            n'est pas pire que Breuseldip, le nom de ton parrain. »

           

            Peu de temps après, le chat eut encore une autre fringale. Il

            alla voir la souris et lui dit : « Tu dois me rendre un service et

            t'occuper encore une fois du ménage toute seule ; on m'a encore

            demandé comme témoin. Le petit a un collet tout blanc ; je ne

            puis refuser ». La bonne souris acquiesça, mais le chat, longeant

            les murs de la ville, se faufila plutôt jusqu'à l'église et mangea,

            cette fois-ci, la moitié du beurre. « Comme c'est bon ! », se dit le

            chat.

           

            Lorsqu'il revint à la maison, la souris lui demanda : « Quel

            nom a-t-on donné à ce chaton ? » « La moitié », répondit le

            chat. « La moitié ! Mais que me dis-tu là ! Jamais de toute ma

            vie je n'ai entendu de nom pareil. Je parie qu'il n'existe même

            pas. » Il ne tarda pas avant que le chat songe encore à sa frian-

            dise et que l'eau lui vienne à la bouche. « Jamais deux sans

            trois », dit-il à la souris. « Je dois encore assister à un baptême.

            Le petit est tout noir et avec du blanc au bout de ses pattes, mais

            il n'a pas un seul poil blanc sur tout le reste du corps. Cela n'ar-

            rive qu'une fois aux deux ans. Alors, tu me laisses y aller en-

            core ? » « Un peu, La moitié », répondit la souris, « ce sont là

            des noms bien étranges, des noms qui me rendent soucieuse. »

            « C'est que tu restes là, coiffée d'une tresse et vêtue de ta jupe

            gris foncé, à attraper des grillons », dit le chat. « Voilà ce qui

            arrive quand on reste cloîtré toute la journée ! »

           

            La souris rangea et fit de l'ordre dans la maison pendant

            que le chat s'absentait et qu'il mangeait tout le reste du beurre.

            Lorsqu'il fut de retour à la maison, bien repu et bien dodu, la

            souris s'enquit auprès de lui du nom qu'avait reçu le troisième

            chaton. « Cela ne te plaira évidemment pas, dit le chat, il s'ap-

            pelle Toutlereste. » « Toutlereste ! », s'écria la souris. « Mais

            qu'est ce que ça peut bien signifier ? » Elle hocha la tête, se mit

            en boule et s'endormit. À partir de ce moment, plus personne ne

            demanda au chat d'être témoin.

           

            Lorsque l'hiver fut venu et qu'aucune nourriture ne put être

            trouvée à l'extérieur, la souris se souvint de leurs provisions et

            dit : « Viens, mon ami le chat. Allons au petit pot de beurre que

            nous avons eu la sagesse de mettre de coté ! Nous allons faire un

            festin. » « Certainement », répondit le chat.

           

            Ils allèrent donc à l'église et quand ils arrivèrent, le petit

            pot de beurre était bel et bien encore là, mais il était complète-

            ment vide. « Ha ! ha !, dit la souris, maintenant je comprends ce

            qui s'est passé ! Maintenant tout s'éclaire. Tu étais pour moi un

            véritable ami ! Mais pendant que tu prétendais assister à des

            baptêmes, en cachette, tu mangeais le beurre : d'abord un peu,

            puis la moitié, et enfin… » « Veux-tu la fermer ! » cria le chat.

            « Encore un seul mot, et je te dévore ! » « … et enfin, tout le reste »,

            avait déjà dit la pauvre souris. À peine avait-elle prononcé ces mots,

           que le chat bondissait sur elle, en faisait une boule, et l'avalait goulûment.

 

 

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