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Histoire du soir

Histoire du soir

Collection de contes merveilleux et de légendes extraordinaires pour le coucher de vos enfants. A lire sans modération...


HISTOIRE DU ROI CAM-LÓ

Publié par Le conteur sur 14 Novembre 2017, 18:43pm

Catégories : #Contes du Tonkin

 

 

 

 

HISTOIRE DU ROI CAM-LÓ

Contes populaires des Mans du Tonkin

A. Bonifacy

Bonifacy A. Contes populaires des Mans du Tonkin.

In: Bulletin de l’École française d'Extrême-Orient

 

 

 

Autrefois un roi avait une fille parfaitement belle et douée de tous les dons

de l'intelligence, mais que personne n'avait demandée en mariage ; elle arriva

ainsi jusqu'à sa trentième année.

Dans le jardin du roi se trouvait un oranger, qui bien qu'âgé de cent ans,

n'avait pas encore produit de fruit ; un jour que la fille du roi, se promenait

dans le jardin, elle vit un fruit sur cet arbre ; elle le cueillit aussitôt et le

mangea.

Au bout de quelques mois, on s'aperçut que la princesse était grosse ; cela

excita les soupçons du roi qui fit faire des recherches pour savoir si sa fille ne s'était pas livrée à un homme, mais l'enquête fit ressortir la vertu de la jeune fille, et, ayant appris l'aventure du fruit de l'arbre stérile, le roi ne douta point qu'il y eût dans cette grossesse une intervention des génies.

 

Le dixième mois étant arrivé, la princesse donna le jour à un enfant

merveilleusement beau, qui, dès sa naissance, savait parler, lire et marcher, et qui se mit aussitôt à étudier avec ardeur. On l'appela le prince Cam (Orange).

 

Lorsque le jeune prince eût atteint sa troisième année, le roi eut un jour

envie de manger un mets extraordinaire; il donna trois ligatures à son

maître d'hôtel, lui disant qu'il voulait manger la chair d'une femme ayant de la barbe. Le maître d'hôtel très effrayé, et voyant que le roi voulait l'éprouver,ne savait que faire! Le prince Gam le voyant triste, lui en demanda le motif,et lui dit, en apprenant la fantaisie du roi, que certainement il avait voulu parler d'une chèvre.

 

Le maître d'hôtel acheta une chèvre et en donna à manger au

roi qui fut satisfait.

 

Une autre fois, le roi demanda à manger un mets ayant les cinq saveurs,

mais il ne donna au maître d'hôtel que trois sapèques pour l'acheter. Celui-ci alla aussitôt demander conseil au jeune prince, qui lui dit de donner au roi une bouchée de bétel. On trouve en effet dans une seule bouchée de bétel : le goût de l'arec, de la chaux, de la racine, du bétel et du tabac, c'est-à-dire les cinq saveurs, et cela pour un prix modique.

 

Le roi se montra encore satisfait.

 

Enfin le roi manifesta le désir de manger de l'herbe ayant des tuyaux, et il donna encore trois sapèques pour faire l'emplette ; sur le conseil de Cam, le maître d'hôtel acheta des oignons, dont les feuilles forment de véritables tuyaux.

 

Un jour le roi avait invité tous les camarades du prince Cam à un festin, et,pour les éprouver on les avait fait asseoir à trois mètres et demi du plateau.

 

Seul Gam put manger, car il avait eu la présence d'esprit de se munir d'une

baguette, avec laquelle il put piquer les mets.

 

Un jour que le roi cherchait en jouant quelle était la chose la plus aiguë, il conclut avec ses courtisans que c'était l'aiguille; mais le jeune Cam, prenant la parole, leur fit reconnaître leur erreur. La chose la plus aiguë est l'eau, dit-il,car l'eau s'insinue par les plus petits trous, les plus petite? fissures, dans lesquelles même la pointe d'une aiguille ne pourrait pénétrer.

 

Le roi fut effrayé de cette précoce intelligence, et, craignant que les ministres ne cherchassent à le détrôner pour mettre à sa place un prince doué de dons aussi prodigieux, il forma le dessein de le tuer, et pour cela il lui fit prendre un poison violent.

 

Quelque temps après, le roi envoya quelqu'un pour demander des nouvelles

du prince ; il était bien réellement mort, mais sa mère, au désespoir, répondit au messager qu'il était dans sa chambre comme à son habitude, lisant et étudiant.

 

Le roi fit alors prendre du même poison à un coq, mais celui-ci n'en fut pas incommodé et s'envola par dessus la haie. Alors le roi tourna ce poison en ridicule; il en mangea et en fit manger à ses conseillers; le poison fit alors son effet et ils périrent tous.

 

On disposa tout pour la cérémonie funèbre, mais le crime du roi ayant été

divulgué, on ne trouva personne pour lui faire des obsèques convenables, et on dut faire porter son cercueil par deux misérables, dont l'un était aveugle et l'autre sourd, pendant qu'on faisait au jeune prince de splendides funérailles.

 

Dans leur marche rapide, l'aveugle qui portait le cercueil du roi eut le

visage frappé par une branche: il recouvra aussitôt la vue; le sourd, voyant ce miracle, lui demanda une branche du même arbre, et, s'étant frotté les oreilles avec cette branche il recouvra l'ouïe. Les deux compagnons jetèrent aussitôt le cercueil du roi dans un fossé et revenant précipitamment avec un rameau de la précieuse plante, ils en frottèrent le cadavre du jeune prince, qui recouvra aussitôt ses sens et fut salué comme roi par tout le peuple.

 

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